Nadja Makhlouf a rencontré les anciennes combattantes de la guerre d’Algérie, cinquante ans après l’indépendance. Dans « De l’invisible au visible?: Moudjahida, femme combattante », elle expose leurs photos d’hier et d’aujourd’hui.

« Ces femmes ressentaient et vivaient l’injustice. Elles trouvaient leur situation, dans l’Algérie d’alors, humiliante et rabaissante. Et il n’y avait, parmi elles, aucun problème de nationalité, de culture ou de religion ». Nadja Makhlouf, en décidant de photographier les moudjahidate, ces anciennes combattantes de la guerre d’Algérie, a engagé une bataille contre le temps, cinquante ans après leur combat.

Car certaines sont âgées aujourd’hui de 100 ans. Objectif atteint?: la jeune photographe franco-algérienne expose ses photographies jusqu’au 8 septembre à l’Iremmo (Institut de recherche et d’études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient), à Paris. Une photo aujourd’hui, prise dans l’intimité, sur le canapé du salon ou dans la cuisine. Une photo d’hier, trouvée dans les archives familiales, en uniforme, ou dans une manif.

Souvent agents de liaison, infirmières, couturières, propagandistes… Parfois combattantes, en ville ou au maquis, au même titre que les moudjahidine qu’elles accompagnaient. Comme Lamri Malika, née en 1933, qui s’engagea comme poseuse de bombes dans la casbah d’Alger. Torturée et emprisonnée par les paras, elle passera quatre ans et demi en détention. Une photo d’elle à l’époque la montre entourée d’enfants, avec des militaires français en arrière-plan. Aujourd’hui, elle pose chez elle, dans sa cuisine.

 Jacqueline Guerroudj, elle, est européenne. Née à Rouen en 1919, elle s’est mariée à un responsable indépendantiste, et deviendra agent de liaison pour le parti communiste algérien. Elle sera condamnée à mort puis graciée. Sur la photo, elle ressemble à n’importe quelle jeune fille de ces années-là. Elle vit aujourd’hui dans un appartement d’Alger.

Il y a aussi Monique Hervo, qui a soutenu les Algériens de Nanterre, Zoulikha Bekaddour, trésorière d’une organisation étudiante, Zohra Slimi, tisseuse de drapeaux, Janine Belkhodja, médecin, Elyette Loup, agent de liaison… « Françaises, Arabes, Juives, Espagnoles… Cette diversité des femmes que j’ai photographiées était réelle. » 

 Nadja Makhlouf réalise maintenant un documentaire sur ce sujet, qui doit sortir au mois de septembre. Pour que l’histoire des moudjahidate passe définitivement de l’invisible au visible.

Source: La Croix

 

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