« Le défrichement seul vous mangera quelques existences, je vous en avertis. Plus une terre est fertile, plus on meurt à la défricher. Un grand capitaliste s’écriait, il y a quelques années, devant les marais d’Ostie : « Que de millions à prendre ! mais il faudrait d’abord y enterrer cent mille Allemands. » Si vous n’avez pas d’Allemands à enterrer, mon cher monsieur, je ne vous conseille pas de débuter dans le rôle de premier occupant. »
E. ABOUT — Le Progrès, chap. Xl.
Avant-Propos de le première édition.
Si, dans notre Algérie, il est un centre de population intéressant à étudier, c’est particulièrement celui de Bou-Farik ; pas un, en effet, ne naquit et ne se développa dans de plus détestables conditions et avec moins de chances de succès. Bou-Farik, qui se ? t seul, et presque malgré l’Administration, puisque, à deux reprises différentes, il fut menacé d’abandon, Bou-Farik, disons-nous, est non-seulement un exemple, une promesse pour les Colons de l’avenir, mais encore et surtout une réponse aux détracteurs de notre belle et grande Colonie, à ceux qui, nous opposant sans cesse les Anglais, prétendent que nous n’entendons rien en matière de Colonisation, et que nous manquons de moral, de persévérance, de patience. Nous le demandons, est-il, dans les colonies anglaises ou américaines, un seul centre de population qui ait eu à braver, pendant sept années, le fusil et le couteau d’un peuple essentiellement guerrier, d’un peuple de poudre et de chabir (1) ? En est-il un seul qui se soit installé aussi crânement au milieu d’une population ennemie nombreuse, énergique, fanatique, impitoyable ? Lorsqu’une peuplade gêne leur expansion, nous savons ce qu’en font les Anglais et les Américains : ils la suppriment. Quant à nous, c’est différent : généreux jusqu’au jocrissisme, nous tendons la main à notre ennemi pour l’élever jusqu’à nous ; c’est Abel disant à Caïn : « Mon frère ! » et sollicitant son amitié avec le succès que nous savons.
Lire la suite en format PDF